Définition
Une syncope est une perte de conscience transitoire (TLCO) par hypoperfusion cérébrale, caractérisée par un début brutal, de courte durée avec un retour spontané et complet à un état de conscience normal.
Elle possède 4 caractéristiques spécifiques :
- courte durée
- contrôle moteur anormale
- absence de réactivité
- amnésie de la période de perte de conscience
Les étiologies de syncope
Syncope réflexe :
I Vasovagale :
- Syncope vasovagale orthostatique : en position debout le plus souvent
- Émotionnelle : douleur, peur, vue du sang…
II Situationnelle :
- Miction
- Stimulation gastro-intestinale
- Toux, éternuement
- Après un exercice physique
III Hypersensibilité sinocarotidienne
Syncope secondaire à une hypotension orthostatique :
- Iatrogène (vasodilatateur, diurétique…)
- Hypovolémie (hémorragie, diarrhée, vomissement…)
- Dysfonction primitive du système nerveux autonome (Parkinson, démence à corps de Lewy...)
- Dysfonction secondaire du système nerveux autonome (diabète, amylose…)
Syncope cardiaque :
- Bradycardie (dysfonction sinusale, trouble conductif atrio-ventriculaire)
- Tachycardie
- Structurelle (rétrécissement de la valve aortique…)
- Cardiopulmonaire (embolie pulmonaire…)
- Gros vaisseaux (dissection de l’aorte…)
Diagnostics différentiels
Crise d’épilepsie généralisée, partiel, absence
Pseudo-syncope psychogénique
Chute
Cataplexie
Hémorragie intracérébrale ou sous-arachnoïdienne
AIT vertébro-basilaire, carotidien
Syndrome du vol sous-clavier
Trouble métabolique : hypoglycémie, hypoxie, hypocapnie
Intoxication
Arrêt cardiaque
Coma
En faveur d’une syncope réflexe
ATCD de syncopes récidivantes, notamment avant 40 ans
Après une vue déplaisante, un son, une odeur ou une douleur
Position debout prolongée
Pendant le repas
Dans un endroit confiné/chaud
Précédée de signes d’activation du système nerveux sympathique : pâleur, sueur, nausée/vomissement
Lors d’une rotation de la tête ou d’une pression sino-caroditienne
En l’absence d’une pathologie cardiaque sous-jacente
En faveur d’une syncope par hypotension orthostatique
Pendant ou après une station debout
Station debout prolongée
Après l’exercice
Après un repas
Après introduction ou changement de la posologie d’un traitement vasopressif ou diurétique
Présence d’une neuropathie autonome ou d’un syndrome de Parkinson
En faveur d’une cause cardiaque
Durant l’exercice ou allongé
Palpitations précédent la syncope
ATCD familiaux de mort subite inexpliquée à un âge jeune
ECG :
- bloc bifasciculaire
- QRS > 120ms
- BAV II Mobitz 1 et BAV I avec long PR
- FC < 40-50/mn en l’absence de traitement bradycardisant
- TVNS
- pré-excitation
- QT long ou court
- repolarisation précoce
- Brugada
- CAVD
- HVG pouvant être en faveur du CMH
Critères diagnostics à l’évaluation initiale selon les recommandations
Syncope réflexe et syncope par hypotension orthostatique
Une syncope vaso-vagale est hautement probable si précédée : station debout, peur, douleur et associée avec les symptômes suivants : pâleur, nausée, sueur. (I)
Une syncope situationnelle est hautement probable si associée à un des triggers suivants : miction, stimulation gastro-intestinale, toux, éternuement, après un exercice physique. (I)
Une syncope par hypotension orthostatique est confirmée si à la position debout avec chute de tension (I)
Syncope cardiaque
Une syncope rythmique est hautement probable quand il y a à l’ECG : (I)
- bradycardie sinusale < 40/mn et pause > 3s, éveillé et en l’absence d’entrainement physique
- BAV II Mobitz 2 et BAV III
- BBG et BBDt alternant
- TV ou TSV rapide
- TVNS polymorphe et QT long ou court
- dysfonction PM ou DAI et pause cardiaque
Une syncope sur ischémie est confirmée en présence d’une ischémie aiguë avec ou sans infarctus. (I)
Une syncope structurelle cardiopulmonaire est hautement probable en présence : (I)
- d'un myxome atrial prolabant
- d'un volumineux thrombus de l'OG
- d'un rétrécissement aortique serré
- d'une embolie pulmonaire
- d'une dissection aortique
Critères en faveur d’une syncope à haut risque
La syncope
Majeur :
Symptomatologie récente : douleur thoracique, dyspnée, douleur abdominale, céphalée
Syncope à l’effort ou en position allongée
Palpitations précédant la syncope
Mineur (haut risque si associé avec une cardiopathie ou des anomalies à l’ECG) :
Absence de prodrome ou prodromes très courts
ATCD familiaux de mort subite à un jeune âge
Syncope en position debout
ATCD
Majeur :
Cardiopathie sévère (insuffisance cardiaque, FEVG altérée, cardiopathie ischémique)
Examen physique
Majeur :
Pression artérielle systolique < 90mmHg
Suspicion d’un saignement digestif
Bradycardie persistante < 40/mn
Souffle systolique initialement inconnu
ECG
Majeur :
Signe d’ischémie aiguë
BAV II Mobitz et BAV III
FA < 40/mn
Bradycardie sinusale persistante < 40/mn ou BSA ou pauses sinusales > 3s, éveillé en l’absence d’entrainement physique
Cardiopathie ischémique ou cardiomyopathie : Bloc de branche, troubles conductifs intraventriculaires, hypertrophie ventriculaire, onde Q
TV et TVNS
Dysfonction de PM et DAI
Brugada de type 1
QTc > 460ms
Mineur (haut risque si associé avec syncope rythmique) :
BAV II Mobite 1 ou BAV I avec long PR
Bradycardie sinusale ou bradycadie FA asymptomatique, entre 40 et 50/mn
TSV paroxystique ou FA
Pré-excitation
QTc < 340ms
Brugada type 2 et 3
CAVD : ondes T négatives dans les précordiales droites, onde epsilon
Critères en faveur d’une syncope à faible risque
Syncope
Prodromes typiques de syncope réflexe
Après sensation désagréable liée à une vue, une odeur, un gout, une douleur
Après position debout prolongée, dans un endroit chaud, confiné
Pendant le repas ou en postprandial
A l’occasion d’un effort de toux, de défécation, de miction
Rotation de la tête ou pression du sinus carotidien
Au levé après décubitus dorsal prolongé
ATCD
Longue histoire de syncope récurrente à faible risque avec les mêmes caractéristiques que l’épisode actuel
Absence de cardiopathie
Examen physique
Examen normal
ECG
ECG normal
Orientation du patient
Manœuvre : massage sino-carotidien
Massage sino-carotidien :
- pause ventriculaire > 3s
- chute de la PAS > 50mmHg
- asymptomatique = hypersensibilité sino-carotidienne
- symptomatique = syncope sino-carotidienne
CSM : massage sino-cardotidien
CSH : hypersensibilité sino-carotidienne
CSS : syncope sino-carotidienne
CI : cardio-inhibitrice
VD : vaso-dépressive
Recommandations :
Le massage sino-carotidien est recommandé chez un patient de plus de 40 ans avec une syncope d’origine inconnue compatible avec un mécanisme de type réflexe (I).
Une hypersensibilité sino-carotidienne est confirmée si le massage sino-carotidien provoque une bradycardie (asystolie) et/ou une hypotension symptomatique et que le patient à des critères en faveur d’une syncope réflexe (I).
Précaution si :
- ATCD AVC
- ATCD AIT
- sténose carotidienne > 70%
Manœuvre : couché-debout
Hypotension orthostatique :
- sur les 3 minutes suivant le levé
- baisse de la PAS > 20mmHg
- ou baisse de la PAD > 10mmHg
- ou PAS < 90mmHg
- symptomatique (I)
- asymptomatique mais symptômes de syncope compatibles (IIa) ou peu compatible (IIb)
- neurogénique : augmentation fréquence cardiaque < 10/mn
- hypovolémie/anémie : augmentation fréquence cardiaque > 10/mn
POTS (Postural orthostatic tachycardia syndrome) :
- sur les 10 min suivant le levé
- augmentation de la fréquence cardiaque > 30/mn
- ou fréquence cardiaque > 120/mn
- en l’absence d’hypotension orthostatique
- symptomatique